Un an et demi après le tournage de ce documentaire, les choses ont changé, le ton est plus grave

Dans notre choix de vie, en yourte et en semi-nomade, il y a quelquefois de petites choses qui coincent. En l’occurrence, depuis le mois de février 2019, ce qui coince, c’est le semi-nomadisme … et les yourtes.

Depuis 6 ans que nous vivons de cette façon, nous nous sommes confrontés surtout à nous-même, nous avons appris. Nous avons appris à vivre dans une tente faite de bois, de feutre et de toile, toute ronde. Douceur. Nous avons appris à gérer l’eau, source de vie ; l’eau est devenu un élément à part entière, que nous allons chercher en fontaine communale et que nous portons, une ressource à utiliser avec parcimonie et à partager. Une eau que nous devons rendre propre et nourrissante… Conscience. Nous avons appris que l’électricité n’est pas inépuisable, qu’il faut la créer, la stocker, et toujours en garder un petit peu de côté pour les jours sans soleil. Lumière. Nous avons appris à vivre les éléments dans leur entièreté, qu’ils soient calmes ou puissants. C’est ce que j’appelle maintenant le Tout. Nous voyons la vie, partout où elle se trouve, autour de nous, en nous, en vous. Nous avons allégé notre impact sur les sols, sur les sources, le végétal, l’animal, la collectivité … sur la Communauté et son environnement.

Depuis 6 ans, nous avons visité, nous nous sommes posés dans des lieux différents, jamais très loin de se dont un enfant a besoin. Nous sommes toujours restés en contact avec vous, avec les Autres aussi. Avec tous ceux qui vivent un territoire, toujours en aplatissant les différences, en respectant la diversité de l’être humain.

Aujourd’hui, nous avons passé deux ans sur la commune de Barcillonnette.

Merci, merci, merci …

Depuis Février, nous cherchons un nouveau lieu, une nouvelle commune. Pas très loin, pas encore, mais nous nous préparons pour le « Ailleurs ». Depuis février, quelque chose est différent, quelque chose a changé. Depuis février, nous cherchons, nous nous ouvrons, nous expliquons. Mais … Nous ne trouvons pas. Pour quelles raisons ? C’est assez difficile de le voir, et surtout de l’entendre.

La Loi.

La loi a évolué, la loi a restreint, la loi a brimé. Puis, suivant la loi, son interprétation. La loi tente de cadrer les habitats légers, le législateur, qui existe apparemment uniquement pour écrire des lois, semblait s’ennuyer ces derniers temps. Il nous faut dorénavant un permis de ceci, un permis de cela, un permis pour d’autres trucs aussi. Malheureusement pour nous, aucun de ces permis ne nous cadre.

Je ne rentrerais pas dans les détails obscurs et abscons des textes officiels, mais je sais maintenant que, comme rien ne nous cadre, rien ne nous autorise. Et c’est cela qui a changé. Nous vivons en yourte, notre habitat est démonté et déplacé… il y aurait tellement de formulations négatives pour expliquer ce que nous ne sommes pas que je renonce à les exprimer toutes ici. Voyez plutôt trois exemple : nos yourtes ne restent pas ad-vitam sur un terrain (un permis de construire ? bah … non, c’est idiot …), nous ne demandons pas l’eau, nous ne demandons pas l’électricité, nous ne … nous ne … Aucun intérêt.

Nous avons rencontré des personnes formidables. Des personnes qui sont prêtes à tout pour nous accueillir, allant même jusqu’à poser une demande de permis. Merci … Nous allons faire ça pour l’année qui vient. Et nous restons sur notre faim : et si ce permis n’était pas accepté ? Loisel est inscrit dans une petite école, dans une petite commune, qui avait besoin de plein de petits enfants pour pérenniser ladite petite école. Choix. Entraide. Collectivité. Fraternité. Mais ladite commune, après avoir fait miroiter « Oui », renvoie un … « c’est compliqué ».

C’est compliqué, en effet.

Alors, une fois le doute et le malaise dissipé, nous sommes là, présent, ici et maintenant. Nous vivons, oui, un peu différemment, et, oui, nous sommes bien là. Et nous continuerons

Oui nous nous sommes attachés à cette petite vie si douce et si tranquille, dans un cocon si doux et si tendre. Loin du prosélytisme, nous avons réussi à alléger notre empreinte sur un lieux, sur un paysage. C’est une solution, parmi tant d’autres. Nous vivons (très bien) avec 200l d’eau par semaine. Nous vivons (très bien) avec deux batteries qui auraient déjà dû claquer il y a trois ans. Nous vivons (chaudement) avec deux fois moins de bois de chauffe qu’une petite maison. Nous avons changé (tendrement). Nous avons réduit notre impact, et l’herbe est verte et grasse autour de nous. Il y a encore tant à faire et à améliorer…  Nous cherchons, aujourd’hui, des solutions pour les temps futurs ! Dans un pays où les lois et les règles sont draconiennes ? Pas vraiment…

A force de légiférer, la Liberté régresse. Gravement aujourd’hui.

Entre-temps, avant de nous préparer à aller dans un éventuel « plus loin », nous allons continuer de chercher des lieux d’accueil. Des communes curieuses, compréhensives et confiantes.

Si vous en connaissez, partout, n'importe où, ici et ailleurs, faites-nous signe …

nous sommes d'une simplicité qui désarçonne !

A diffuser sans modération

Bien à vous,

Clément

Juillet 2019